GRASSE, un chemin de Ciel et de Terre…
Sous les ombrages verts de la forêt profonde,
on entend le loriot chanter.
Le chant du loriot est dans un endroit
encore plus profond.
« Le chant loin de son oiseau » – Anonyme
Under the green shade of the deep forest
You can hear the oriole singing
The oriole’s song is in a place
Even deeper
« The song far from its bird » – Anonymous
Il faut que je vous dise…
Pourquoi ce poème ? D’aussi loin qu’il m’en souvienne, son sens « profond » s’est toujours dérobé à moi. Ou plutôt, pour dire le vrai, j’ai toujours pris grand soin de ne pas le découvrir totalement de peur de le perdre, de perdre un compagnon de route.
Aujourd’hui, il m’apparaît de circonstance de le partager avec vous, qui que vous soyez, homme, femme, enfant, adulte, vieillard, d’ici ou d’ailleurs, pour vous dessiner la Terre où je vis.
C’est une Terre qui, sans fausse pudeur, se dévoile, une Terre qui s’exhume et qui, dans le même mouvement, s’évanouit par son essence même. Son évanescence. Une Terre qui s’exhale.
Parfum de Terre qui m’habite, que je ne peux saisir, qui s’éloigne d’un plus-loin à chacun de mes pas, qui me montre la voie, que je suis à la trace, à vue de nez. Je te sens, donc je te vois. Je te vois, donc je te crée. Car c’est elle, qui compose cet air aux notes portées par l’oiseau, sur des branches d’orangers, des buissons de jasmin, des forêts de mimosa, des théories de roses centifolia.
Faut-il espérer qu’un jour l’oiseau retrouve son chant ? Faut-il que dans ce Pays de Grasse que j’arpente de ma chair, de mes mots et de mes sens, les anges enfin s’incarnent et prennent allure humaine ? Je ne sais rien des anges mais j’aime bien faire semblant d’y croire. Ici – devrais-je dire « ici-bas » ? – ils manifestent leur présence dans les ruelles de cuisine, les collines de soleil, les champs de petites mains. Ici, au Pays de Grasse, ils éventent leurs ailes aux parfums des couturiers, aux arômes des alimentaires, aux suées des hommes.
Et de cette manifeste invention d’éthers, l’Histoire en marche, après s’être habillée de cuir et gantée de velours, avance volontaire et enthousiaste vers son rêve indicible, éternel passager de l’instant.
Face à son à-venir, le Pays de Grasse signe un chemin de Ciel et de Terre, à chaque jour recommencé.
Yves Giombini
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